Un tableau de l’aristocratie russe de la fin du XIXe siècle inadaptée au monde moderne, une écriture légère, un style enlevé, une partition théâtrale, une petite musique bouffonne et tragique.

La Cerisaie est la dernière pièce d’Anton Tchekhov, mort en 1904 tout juste après en avoir achevé la rédaction. L’action se déroule à la campagne, dans une des provinces de Russie, au sein de la propriété de Lioubov Andreevna Ranevskaïa, quelques semaines avant le premier basculement révolutionnaire de 1905.
Exilée à Paris depuis de nombreuses années, Lioubov, personnage insaisissable et lunaire, revient dans son domaine qui doit être vendu pour dettes. Pivot tragique de la pièce qui oscille entre drame et comédie, cette figure maternelle retrouve les siens perturbés par l’avenir du monde alors que la société moderne et ses mutations arrivent à grands pas...
Théâtre de l’interprète, l’œuvre de Tchekhov appelle à l’épure. Olivier Borle (Mangeclous, 2022) s’en souvient et recentre l’action sur les sept principaux personnages. Leurs réactions, leurs liens sont mis sous les feux de la rampe et nous apparaissent clairement tandis que l’intrigue se resserre : une cerisaie dont les arbres ne donnent plus de fruits est vouée à disparaître… « On entend seulement, loin dans la cerisaie, la hache qui cogne sur un arbre. »
Une pièce essentielle qui nous enjoint à mesurer la préciosité de nos existences et nous exhorte à vivre le plus intensément possible.

Grande salle
Durée : 1h30 | Conseillé dès 14 ans